C’est la tradition, chaque Assassin’s Creed est systématiquement accompagné d’un DLC solo venant raconter un petit bout d’histoire supplémentaire, pas nécessairement lié à la trame principale. On se souvient de l’uchronie de la Tyrannie du Roi Washington pour Assassin’s Creed 3 puis du Prix de la Liberté de l’épisode Black Flag. Plus tôt dans l’année, c’était Dead Kings qui prolongeait l’expérience Unity avec une plongée dans les caveaux de Saint-Denis. Pour Assassin’s Creed Syndicate, Ubisoft s’est intéressé à Jack l’éventreur et nous propose une virée à Whitechapel sur les traces sanglantes du célèbre tueur en série.
Véracité historique oblige, le DLC démarre vingt ans après les évènements d’Assassin’s Creed Syndicate. Evie Frye vit désormais en Inde mais se voit dans l’obligation de revenir dans la capitale anglaise suite à la disparition de son frère jumeau Jacob. L’inspecteur Abberline la renseigne sur la terreur que sème Jack l’Éventreur sur la ville et sur le fait que Jacob connaissait vraisemblablement l’identité du tueur. Tout porte à croire que ce secret lui aurait couté la vie. Partant de là, nous voilà convié à une série de dix missions principales pour remonter la piste jusqu’au meurtrier et découvrir ce qu’il est advenu de Jacob. La variété reste de mise au cours des différentes étapes de l’enquête avec plusieurs missions d’assassinats, des filatures mais aussi des zones de crimes à inspecter au peigne fin pour découvrir le moindre indice laissé par Mr. Jack. Pas ou peu de nouveautés sont à noter au fil de ces missions puisqu’on y retrouve les mêmes mécaniques exploitées dans le jeu de base, avec peut-être un accent particulier mis sur les enquêtes. Durant celles-ci, Evie peut maintenant définir la trajectoire d’un objet jeté par une victime, et ainsi dénicher de nouveaux indices autrement impossibles à trouver.
En marge de ces missions obligatoires, toute une série d’activités annexes est proposée consistant pour la plupart à aider les prostituées, principales victimes des agissements de l’éventreur. Il est question de libérer des maisons closes tombées aux griffes des lieutenants de Jack, ou d’infliger une petite leçon de vie à des clients abusifs. Dans ces cas-là, il faudra d’abord trouver l’imbécile, le tenir par le bras et l’obliger à traverser le quartier sous la risée de la population. Il s’agit d’une façon plutôt bien trouvée d’exploiter la technique du kidnapping si chère à Syndicate. Outre les classiques vols de carrioles et les chasses de primes, il y a également quelques missions consistant à trouver qui s’amuse à envoyer de fausses lettres à la presse pour se faire passer pour le tueur. En tout et pour tout, l’ensemble occupera environ cinq heures, voire un peu plus pour qui souhaitera aussi trouver les collectibles et se plier aux différentes conditions de victoires propres à chaque défi (ne pas se faire repérer, tuer trois gardes d’un coup, etc.).
Si la progression reste finalement très classique, avec un nouveau petit arbre de compétences à remplir, la manière d’aborder les missions diffère sensiblement grâce au système de terreur qui fait son entrée ici. Grâce à ses années passées en Inde, Evie maîtrise désormais de nouvelles techniques non létales censées insuffler la peur dans le cœur de ses opposants. Suffisamment effrayés, les ennemis s’enfuient alors d’eux-mêmes, baissant totalement leurs gardes et devenant du coup des proies de choix. Les brutes restent cependant totalement insensibles aux esbroufes d’Evie et courent même rassurer leurs petits copains s’ils sont dans le coin. Du coup, il convient de trouver ces ennemis-là et de s’en occuper en priorité avant de passer aux autres. Evie peut par exemple sortir des pointes pour les clouer au sol, provoquant au passage une nouvelle vague de terreur parmi les ennemis encore debout. La technique fonctionne à merveille et offre un peu de diversité dans les combats qui avaient tendance à tourner en rond dans le jeu de base.
Mais le principal reproche que nous faisions à Assassin’s Creed Syndicate ne concernait pas forcément ses combats, mais plutôt ses maladresses scénaristiques combinées à son manque d’inspiration dans les mises en situation. Il en résultait un jeu monotone et répétitif. Cet aspect se trouve en partie gommé dans le DLC Jack l’Éventreur. Le fait que le segment soit plus court, qu’il propose moins de missions et donc moins d’objectifs similaires, joue grandement dans le ressenti général, c’est certain. Mais il faut surtout souligner les efforts narratifs déployés pour offrir une histoire à la fois plus intéressante et mieux conduite. Grâce au format plus restreint, le scénario reste toujours focalisé sur ce qui est important et gagne donc en intensité par rapport à l’intrigue diluée et plate présente dans le jeu original. On y découvre même quelques séquences choc réellement marquantes qui diviseront probablement les joueurs alors qu’elles permettent de mieux cerner la folie meurtrière de Jack. Enfin, il est très appréciable de découvrir deux nouvelles zones servant de terrains de jeu soigneusement étudiées pour offrir de la variété dans l’aventure. Dans l’une d’elles, les toits sont par exemple inaccessibles car protégés par des barbelés obligeant Evie à rester près du sol et donc à avancer encore plus prudemment que d’ordinaire. L’ajout de ces zones est d’autant plus appréciable qu’Ubisoft aurait tout à fait pu jouer la facilité en adaptant ces missions pour les loger dans des buildings de la ville déjà en place.
Toutefois, en dépit de son intrigue plus solide et de ses bonnes idées de gameplay liées notamment à la terreur, l’immersion est loin d’être totale dans les méandres de Londres. La faute à une foison de bugs techniques qui au mieux nous feront sourire (les balles d’un jongleur qui gravitent à un mètre devant lui), au pire nous feront maudire les développeurs jusqu’à leur troisième génération (un personnage qui reste bloqué et nous empêche de poursuivre la mission). Étrangement, ce chapitre additionnel semble même souffrir d’encore plus de bugs que le jeu de base alors qu’il est plus court et plus cloisonné avec seulement deux quartiers de la ville ouverts (Whitechapel et la City) auxquels viennent s’ajouter les deux zones mentionnées plus haut.
- Développeur : Ubisoft Montpellier et plein d'autres studios Ubisoft
- Éditeur : Ubisoft
- Genre : Action, Aventure, Infiltration
- Date de sortie : 15 décembre 2015 (consoles), 20 décembre (PC)
- Supports : PC, PS4, Xbox One
- Site officiel : http://assassinscreed.ubi.com/
- Paradoxalement, si le manque de finition est franchement pénible, le DLC dégage une bien meilleure impression que le jeu de base. En s'attaquant au fameux Jack l'Éventreur et en se limitant à ce seul sujet, Ubisoft tient une histoire bien plus prenante et beaucoup mieux construite que la lutte de pouvoir plan-plan d'Assassin's Creed Syndicate. Il faut dire aussi que le tueur de Whitechapel dégage une aura à même de porter l'ensemble de la campagne pour au final nous permettre de surmonter les nombreuses faiblesses de la série encore et toujours présentes.
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